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cours des métaux

Métaux de base : surchauffe

Posté par : Christophe Véron 08.03.2022 à 12h00

Aluminium, nickel... L'invasion de l'Ukraine et les sanctions économiques contre Moscou qui en ont découlé continuent de faire grimper les métaux. « Rares sont les matières premières à ne pas avoir vu leurs cours augmenter depuis que le président Poutine a ordonné l'invasion de l'Ukraine, et transformé les inquiétudes du marché sur une offre insuffisante en une réalité », commente Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

« Les cours des métaux du complexe sont voués à monter dans les semaines à venir », estime Max Layton, analyste chez Citi. Les Etats-Unis et les alliés européens envisagent d’interdire les importations de pétrole russe, ce qui contribue à faire grimper les cours.

Les investisseurs s’inquiètent particulièrement de perturbations de la production d'aluminium, dont la Russie était le troisième producteur mondial en 2021 selon le Bureau mondial des statistiques sur les métaux (WBMS). Résultat, la tonne d'aluminium a battu record sur record au fil des séances pour grimper lundi à plus de 4.000 dollars la tonne, un plus haut historique sur le LME. Les stocks d’aluminium s’élèvent à 786.475 tonnes, près de leur plus bas de 15 ans de 761.950 tonnes atteint en février. « L’érosion continue des stocks et les difficultés grandissantes rencontrées sur la chaîne d’approvisionnement causent en partie l’envolée des cours », souligne Wenyu Yao, analyste chez ING.

 

Le nickel à plus de 100.000 dollars !

Le nickel, dont la Russie est également un grand producteur, a quant à lui littéralement explosé mardi matin avec une cotation à 101.365 dollars, en hausse de 111% par rapport à l’ouverture ! « C'est ce qu'on appelle un +short squeeze+ », a commenté Daniel Briesemann, analyste chez Commerzbank: des investisseurs ayant parié sur une baisse du cours du nickel sont obligés d'acheter le métal pour clore leur position coûte que coûte, faisant grimper artificiellement les cours. Plus fondamentalement, « toute tentative de bouder la production russe pour une période prolongée pourrait avoir des conséquences dramatiques pour les cours des métaux, surtout quand les compagnies minières de l'Ouest ont limité leurs investissements ces dernières années », prévient cependant Russ Mould, analyste chez AJ Bell.

 

Attention au retour de flamme

Mais tout peut changer en fonction de l'évolution du conflit, prévient M. Hansen : « toute solution soudaine qui impliquerait la levée des sanctions économiques » dans le cadre d'un accord entre la Russie, l'Occident et l'Ukraine « pourrait faire reculer très vite toutes les matières premières ».

Alors que les stocks de nickel des entrepôts du LME évoluent toujours à leur plus bas depuis 2019, à 76.830 tonnes, le marché réagit de façon très prononcée aux sanctions occidentales contre la Russie, qui couvre à elle-seule autour de 10 % des besoins en nickel de la planète. Selon Steven Brown, consultant basé en Australie, « le marché devrait toutefois se calmer, car l’offre devrait beaucoup s’étoffer en 2022 », en Indonésie notamment.

Cuivre, zinc, plomb et étain ont également énormément progressé. Le métal rouge s’installe au-dessus des 10.000 dollars, tandis que le zinc gagne 10%, à 4.200 dollars. Le plomb n’est pas en reste, avec un gain hebdomadaire de 8%, à 2.500 dollars. L’étain est en grande forme, à 47.500 dollars, en hausse de 5%.

La situation en Ukraine a aussi fait flamber l'or, valeur refuge, qui a dépassé les 2.000 dollars l'once lundi matin, atteignant son plus haut niveau depuis août 2020 et s'approchant du record historique atteint le même mois. Le palladium a atteint son record historique, à 3.440,76 dollars l’once lundi.

 

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