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Zinc : le LME, marché de la dernière chance

Posté par : Gaëlle Le Huérou 27.04.2020

Les stocks de zinc hébergés par la Bourse de Londres ont augmenté de 37% depuis le début du mois d’avril, à 100.075 tonnes le 23 avril. Cette hausse est imputable aux producteurs qui, faute de demande, livrent leurs productions à la Bourse en attendant que la crise du Covid-19 ne passe.

La demande en zinc, utilisé pour galvaniser l’acier, a chuté, comme pour la plupart des métaux industriels, en raison des mesures de confinement prises pour freiner la propagation du coronavirus, laissant les producteurs et traders avec des volumes invendus qu’ils ont choisi de livrer à la Bourse, marché physique de la dernière chance.

La Bourse est considérée comme telle parce que quand la demande des consommateurs est faible et que les ventes ne rapportent pas, les détenteurs de métal le placent généralement en Bourse en attendant que la demande ne reprenne.

Les fabricants d’acier galvanisé sont touchés par la crise du Covid-19 parce qu’ils servent pour beaucoup le marché automobile, particulièrement affecté. Très peu de consommateurs achètent en ce moment du zinc sur le marché spot international, certains d’entre eux ont même demandé l’annulation de leurs livraisons mensuelles, dont des constructeurs automobiles.

Selon l’Association européenne des fabricants de voitures (ACEA), les ventes de véhicules neufs, au sein de l’Union Européenne, se sont effondrées de 25,6% sur le premier trimestre, une baisse notamment emmenée par les chiffres de mars particulièrement mauvais. « Sur le continent, les fermetures d’usines chez les constructeurs se sont traduites par une perte de 1,5 million de véhicules environ, soit près de 10% de la production annuelle pour la région », indique James Moore, pour la revue Fastmarket.

Le métal a donc pris la direction des magasins du LME où les producteurs et les traders peuvent profiter de la position de contango des contrats comptant et trois mois, suggère un trader : « le spread est modeste [10 $/t environ] mais suffisant pour tirer un modeste bénéfice ».

 

Asie : la hausse des stocks, le résultat d’opérations d’arbitrage ?

A Singapour, la hausse des stocks est encore plus marquée. Les entrepôts LME de la ville-Etat abritaient 28.625 tonnes de zinc le 23 avril, alors qu’ils en contenaient 16.785 tonnes au début du mois d’avril - soit un bond de 70% sur la période.

Dans la région, les fondamentaux n’ont pas évolué sur la période évoquée, ce qui fait dire à certains qu’il s’agit davantage de manœuvres effectuées par les traders. « Si vous observez l’évolution des cours à la Bourse de Londres et ceux à la Bourse de Shanghai, on observe une forte volatilité. Un profit réalisé sur une opération d’importations peut, en quelques minutes, se transformer en profit sur une opération d’exportations », explique une source du marché. Les pertes sur les opérations d’arbitrage, qui consistent à livrer du zinc à la Chine, diminuent depuis la fin du mois de mars. Vous perdiez 36 $/t le 22 avril, contre 107 $/t le 1er avril.

Les stocks de la Bourse chinoise Shanghai Futures Exchange (ShFE) ont reculé durant cinq semaines consécutives. Le 13 avril, ils renfermaient 146.966 tonnes de zinc, alors qu’ils en contenaient 169.911 tonnes le 13 mars, ce qui constitue  une baisse de 13,5%.

 

Les producteurs toujours à l’œuvre

En dépit de l’effondrement de la demande, les fonderies ont maintenu leur production de lingots, en partie en raison des niveaux élevés des frais de traitement et d’affinage qu’ils perçoivent des producteurs miniers pour affiner les concentrés.

Les frais annuels négociés pour cette année ont été fixés à 299,75 $/t le mois dernier, soit leur plus haut niveau depuis 2008, ce qui, on comprend pourquoi, les encourage à poursuivre leur activité. Et ce, d’autant que, si des producteurs miniers ont fermé des capacités, cela n’impacte pas encore les fonderies, souligne James Moore.

Résultat, le marché devrait présenter cette année un excédent de production approchant les 454.000 tonnes, selon les prévisions de Fastmarket.

Les frais de traitement sur les concentrés chinois disponibles cif sur le marché spot ont reculé entre 255 et 270 $/t en mars, après s’être négociés entre 280-315 $/t en février, soit leur plus haut niveau depuis l’historique disponible constitué à partir de septembre 2015. « Les fonderies continuent de produire même si les frais ont reculé au cours des six dernières semaines. Cela pourrait signifier qu’elles veulent se constituer des stocks en vue des perturbations à venir », suppute James Moore.

Les principaux pays exportateurs de zinc, tels que le Pérou, le Mexique et la Bolivie, ont tous pris des mesures d’arrêt d’activité pour lutter contre le Covid-19, laissant les importateurs de concentrés dépourvus à un moment où la demande commence à reprendre.

 

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