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Trump, aluminium, protectionnisme

Aluminium : constat d’échec pour les mesures protectionnistes de D. Trump ?

Posté par : Aline Lecuq 15.05.2020

Cela fait maintenant deux ans que le Président américain Donald Trump a imposé une taxe de 10% sur les importations d’aluminium, arguant qu’il s’agissait d’une question de défense nationale. Le but était de fournir une bouée de sauvetage aux producteurs américains qui rencontraient des difficultés face au niveau de prix du métal importé.

 

Mais, d’après quatre législateurs américains, qui ont écrit à Donald Trump, « il est clair que nos politiques actuelles ne fonctionnent pas ». « Le Président Trump a lancé une guerre commerciale qu’il est en train de perdre » a estimé Suzan DelBene, élue politique du district où se situe la fonderie Intalco du producteur américain Alcoa.

 

Alcoa a récemment annoncé basculé en régime d’entretien et de maintenance sa fonderie Intalco, un coup dur pour l’administration Trump qui s’était donné pour objectif d’augmenter la production nationale à au moins 80 % de la capacité domestique.

 

Les importations d’aluminium continuent de progresser dans un système dysfonctionnel et alors que la capacité excédentaire chinoise s’exacerbe davantage.

 

Alcoa prévoit de réduire sa capacité de production de 230.000 tonnes à sa fonderie de Ferndale, dans l’état de Washington. Une partie du site, dont la capacité de production est de 49.000 tonnes, est à l’arrêt depuis 2010, rappelant que les difficultés des producteurs américains ne datent pas d’hier. La fonderie « n’est pas compétitive… dans un marché sur le déclin », a indiqué le groupe. Le cours de l’aluminium a touché un plus bas de 4 ans en avril, à 1.455 dollars la tonne.

 

Comme tous les métaux industriels, l’aluminium est mis à la peine par la crise liée au covid-19 et son impact important sur la demande après que les utilisateurs finaux, tels que les constructeurs automobiles, ont fermé leurs usines partout dans le monde. Contrairement aux autres métaux industriels, la production d’aluminium n’a pas été impactée négativement par les mesures de quarantaine appliquées par les pays. Elle a ainsi progressé de 2 % sur les trois premiers mois de l’année. La faiblesse des cours qui en résulte pèse une nouvelle fois lourdement sur les usines pour lesquelles les coûts de production sont élevés, comme c’est le cas aux Etats-Unis.

 

La fonderie située dans le Missouri (New Madrid), qui avait été sauvée de la faillite par Magnitude 7 Metals en 2018, grâce aux mesures appliquées par Donald Trump, est aujourd’hui dans une situation très compliquée. Elle ne parvient pas à être compétitive face aux importations et son directeur général craint le pire si les choses ne s’arrangent pas dans les deux mois à venir.

 

La dépendance vis-à-vis des importations perdure

Les mesures imposées par Donal Trump n’ont pas permis de réduire la dépendance des Etats-Unis vis-à-vis de l’importation. Même si la production de toutes les affineries actuellement à l’arrêt repartait, cela ne suffirait pas pour couvrir les besoins du pays.

 

En 2019, les importations américaines d’aluminium de première fusion ont affiché un très léger repli de 86.000 tonnes comparativement à l’année précédente, pour s’établir à 4 millions de tonnes. Les importations de produits semi-finis ont augmenté sur la même période, particulièrement les plaques, feuilles et bandes, qui ont bondi de 12 % pour atteindre 1.30 million de tonnes.

 

Seuls quatre pays sont exemptés de la taxe - le Canada, le Mexique, l’Australie et l’Argentine - mais les importateurs peuvent demander des dérogations pour certains produits spécifiques auprès du Département du Commerce. Seulement, il semblerait que ce processus de dérogation soit hors de contrôle. « Le Département du Commerce a autorisé des exemptions de taxes pour des volumes énormes de plaques, feuilles et autres produits qui dépassent largement les volumes importés historiquement et la demande du marché américain » s’est alarmée l’Association américaine de l’Aluminium. Le marché américain de la tôle d’aluminium, par exemple,  représente environ 3.8 milliards de livres par an mais une dérogation a déjà été accordée pour près de 5 milliards de livres pour l’année 2020.

 

Non seulement les consommateurs sont encouragés à chercher des importations exonérées de taxes, mais en plus ils font augmenter les volumes importés sur dérogation afin de négocier des prix plus bas avec les producteurs américains. « Les producteurs d’aluminium doivent maintenant faire face à des importations réelles mais aussi à des importations fantômes » a expliqué Lauren Wilk, de l’Association de l’Aluminium.

 

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